Les vies du château Thomas Philippe à Cul-des-Sarts


Compte rendu de la conférence donnée le 17 janvier 2024 par Régis Marée


Construit en 1863 dans le petit village frontalier de Cul-des-Sarts en Belgique, le château Thomas Philippe a une histoire de près de 160 ans. Il est tout d’abord propriété de la dynastie du même nom qui fait fortune dans le tabac et est le symbole de leur réussite entrepreneuriale. En effet, dans la seconde moitié du 19e siècle, à l’image des Bivort, Boch ou Warocqué, les capitaines d’industrie se font construire ce que le jargon populaire d’alors qualifie de “châteaux”, même s’il s’agit souvent davantage de belles maisons de maître. Au fur-et-à mesure du succès familial, le bâtiment cul-des-sartois subira deux phases de travaux visant à le magnifier un peu plus encore.

Suite aux déboires financiers des Thomas Philippe, le château est revendu en 1934 et va connaître plusieurs vies au fil des décennies.

Cet édifice, successivement acquis par Guillaume Moinil (un marchand de vins de Courcelles) puis par Marie-Joséphine Rouseré (une commerçante en tissus de Poperinge), devient alors le signe des avancées sociales que connaît notre pays. Dès 1938, les premières vacances ouvrières y sont organisées par les syndicats carolos. Dans la foulée, des “niños de España” y trouvent refuge, fuyant la guerre civile dans leur pays. Durant la Seconde Guerre, une soixantaine d’enfants juifs y sont cachés par Hélène Van Hal au sein de sa colonie “Les clos fleuris”. Le château accueille ensuite les camps de jeunesse de l’Action catholique flamande.

En 1950, la Mutualité socialiste du Centre achète la propriété cul-des-sartoise et y aménage un centre de convalescence pour ses affiliés, en provenance bien souvent de l’Institut médical de La Hestre. Parallèlement, pendant près de trente ans, les Faucons Rouges et la MJT y plantent leurs tentes chaque été. Au début des années ‘80, surfant sur la vague du tourisme social, les instances mutualistes entreprennent de grands  travaux pour construire le Domaine des Rièzes et des Sarts, un centre de vacances. En 2000, il est question d’y installer un centre d’accueil pour candidats réfugiés. Mais ce programme ne voit pas le jour. Depuis 2009, la propriété abrite une maison de repos dans les bâtiments construits, trente ans plus tôt, à l’arrière du château. C’est à cette même période que celui-ci perd toutes fonctions et est abandonné. Faute d’entretien et de projet, un permis d’urbanisme est délivré en 2021 pour sa démolition. Il est rasé un an plus tard.

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